Dans le blog http://claratic.wordpress.com/ Chilindrón indique qu'il y a un
poème de Salinas (qui de meilleur pour
faire le lien avec une publication antérieure?) qui, bien qu'il soit carrément
amoureux, lui rappelle la théorie du Bing Bang. Il raconte aussi que la partie
hétérosexuelle du 27, sous l'apparence de bureaucrates anodin étaient un peu un
peu coureurs de jupons. Il a raison, l'autre partie, celle du gay gazouilleur a
vraiment l'air de personnes plus mûres et intéressantes.
Quelle grande
veille le monde!
Il n'y avait
rien de fait
ni matière, ni
numéros,
ni astres, ni
siècles,… rien.
Le charbon
n’était pas noir
la rose
n’était pas tendre.
Rien n’était
rien, encore.
Quelle
innocence de croire
que ce fût le
passé d'autres
et en d’autres
temps, déjà
irrévocable,
toujours!
Non, le passé
était le nôtre:
il n'avait
même pas de nom.
Nous pouvions
l'appeler
à notre goût: étoile
colibri,
théorème,
au lieu de
cela: “Passé” ;
lui enlever
son poison.
Un grand vent
soufflait
vers nous,
mines
continents,
moteurs.
Mines de quoi?
Vides.
Elles étaient
en train d'attendre
notre premier
désir,
pour être tout
de suite
de cuivre, de coquelicots.
Les cités, les
ports
flottaient sur
le monde,
sans place
encore:
ils
attendaient que tu
leur dises: “Ici”.
Pour lancer
les bateaux,
les machines,
les fêtes.
Machines
impatientes
sans destin, encore ;
parce qu'elles
feraient la lumière
si tu le leur
demandais
ou les nuits
d'automne
si tu le
voulais.
Les verbes,
indécis,
te regardaient dans les yeux
comme les
chiens fidèles
tremblants.
Ton ordre allait déjà marquer
leurs routes,
leurs actions.
Monter ? Son énergie ignorante
se mettait à trembler.
« Monter », serait-ce aller
vers le haut ? Et vers où
serait « descendre » ?
Avec des messages aux antipodes,
aux étoiles, tes ordres
allaient leur donner la conscience
subite de leur être,
de voler ou de ramper.
Le grand monde vide,
inutilisé, était devant
toi : tu lui donnerais son
impulsion.
Et, près de toi, vacant,
pour naître, désireux,
avec les
yeux fermés,
le corps est déjà prêt
pour la douleur et le baiser,
avec le sang à sa place,
moi, en train d’attendre,
Ah si tu ne me regardais pas !
que tu m’aimes
et que tu me dises :
« Maintenant ».
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