lundi 22 septembre 2014

PEDRO SALINAS ET LA THÉORIE DU BIG BANG

Dans le blog http://claratic.wordpress.com/ Chilindrón indique qu'il y a un poème  de Salinas (qui de meilleur pour faire le lien avec une publication antérieure?) qui, bien qu'il soit carrément amoureux, lui rappelle la théorie du Bing Bang. Il raconte aussi que la partie hétérosexuelle du 27, sous l'apparence de bureaucrates anodin étaient un peu un peu coureurs de jupons. Il a raison, l'autre partie, celle du gay gazouilleur a vraiment l'air de personnes plus mûres et intéressantes.



Quelle grande veille le monde!
Il n'y avait rien de fait
ni matière, ni numéros,
ni astres, ni siècles,… rien.
Le charbon n’était pas noir
la rose n’était pas tendre.
Rien n’était rien, encore.
Quelle innocence de croire
que ce fût le passé d'autres
et en d’autres temps, déjà
irrévocable, toujours!
Non, le passé était le nôtre:
il n'avait même pas de nom.
Nous pouvions l'appeler
 à notre goût: étoile
colibri, théorème,
au lieu de cela: “Passé” ;
lui enlever son poison.
Un grand vent soufflait
vers nous, mines
continents, moteurs.
Mines de quoi? Vides.
Elles étaient en train d'attendre
notre premier désir,
pour être tout de suite
 de cuivre, de coquelicots.
Les cités, les ports
flottaient sur le monde,
sans place encore:
ils attendaient que tu
leur dises: Ici”.
Pour lancer les bateaux,
les machines, les fêtes.
Machines impatientes
sans destin, encore ;
parce qu'elles feraient la lumière
si tu le leur demandais
ou les nuits d'automne
si tu le voulais.
Les verbes, indécis,
 te regardaient dans les yeux
comme les chiens  fidèles
tremblants. Ton ordre allait déjà marquer
leurs routes, leurs actions.
Monter ? Son énergie ignorante
se mettait à trembler.
« Monter », serait-ce aller
vers le haut ? Et vers où
serait « descendre » ?
Avec des messages aux antipodes,
aux étoiles, tes ordres
allaient leur donner la conscience
subite de leur être,
de voler ou de ramper.
Le grand monde vide,
inutilisé, était devant
toi : tu lui donnerais son
impulsion.
Et, près de toi, vacant,
pour naître, désireux,
avec  les yeux fermés,
le corps est déjà prêt
pour la douleur et le baiser,
avec le sang à sa place,
moi, en train d’attendre,
Ah si tu ne me regardais pas !
que tu m’aimes
et que tu me dises : « Maintenant ».

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